Des extraterrestres ont kidnappé mon fils!

Il n'y a pas encore si longtemps, mon fils m'épatait. Il performait à l'école, en sport (un as de l'acrobatie en planche à neige) et en informatique. À l'école, il a gagné le titre de personnalité de l'année à cinq reprises... Vous savez l'enfant... beau, sportif, entouré d'un aura de charisme... Fervent de l'informatique, déjà à 9 ans, il s'occupait de notre réseau d'ordis à la maison, crackait des jeux et logiciels (Je faisais semblant de ne pas le savoir, question de ne pas encourager l'illégalité du geste, mais dieu que je le trouvais hot... c'était il y a 8-9 ans quand même, et les ''keygen'' n'abondaient pas comme aujourd'hui.) M'enfin, qui aurait pu croire qu'un jour, j'allais dire que le cerveau de mon fils était plein de cul-de-sac?!



Je sais que l'on dit que c'est physiologique, que c'est dans le développement normal du cerveau, qu'à l'adolescence, la matière grise subit des changements énormes... que les nouvelles connexions s'affineront au fil des ans, qu'il faut comparer le cerveau d'un ado à un réseau routier, que plus les routes seront utilisées, plus l'accès en sera facilité et rapide... Mais, à ce point... C'n'est pas croyable... J'en suis à croire à l'éventualité que des extraterrestes ont kidnappé mon fils, au cours d'une nuit, et qu'ils lui ont volé le cerveau. Car, aujourd'hui, dans ce qui lui sert de cerveau, les routes semblent si cahoteuses que les pensées rebroussent chemin... et que lorsqu'elles parviennent à avancer, elles finissent par se buter à un cul-de-sac... Demi-mots, demi-phrases, jargon inintelligible... Que lui ont-ils fait?????

Petit aperçu de ce qui résulte du nouveau cerveau de mon fils... Pensées brutes et instinctives :

- J'ai faim, je mange... Hein? Cuillère? Pouuurquoi?

- Sortir, chums, avoir l'air hot, cigarettes... Hein? Travailler? Pouuuurquoi?

- Bon, ben... job hot, pas fatiguante... Hein? Études? Pfff... Pouuurquoi?

Arrrrgh! Rendez le cerveau à mon fils, bande de salopards verts aux gros yeux!!!!
(M'enfin, faut bien que je mette la faute sur le dos de kèkun... ;-)

Déboires de mère...

5 h du mat... Un bruit... qui se répète inlassablement... Mon cerveau, bien programmé par l'expérience trop souvent répétée, commande aussitôt à mes muscles de se lever avant même que je ne réalise que c'est la sonnerie du téléphone. Récalcitrants, mes muscles s'activent tant bien que mal, encore endormis, certains ne comprennent même pas encore ce qui se passe et ne se décident pas à coopérer... Quelle démarche... quelle grâce... Mes doigts atteignent finalement le combiné.

- ...llo, parvins-je à articuler.

- Mom... Tu viens me chercher?

- Euhhh... Là, là? (Le sang commence à me monter à la tête... Nous avons eu une discussion, lui et moi, il y a quelques jours sur les lifts au milieu de la nuit... Je suis toujours disponible. Je veux que mes jeunes m'appellent s'ils ont un problème, si un copain a trop bu, déconne en voiture ou whatever... Mais depuis un moment, Fiston n'avait plus aucun respect pour moi, c'était pratiquement 7 jours/semaine que je me faisais demander un lift à des heures indues... )

- Il est quelle heure? demandai-je, la fibre maternelle ramollie à l'idée qu'il soit "mal pris"... 5 h? Mais, je vais reconduire ta soeur à son travail dans une heure... Tu peux attendre une heure? Ça m'éviterait 40 minutes de voiture...

- Il fait froid, Mom...

(Seigneur, mon bébé a froid. Je sais pertinemment que je devrais en profiter pour lui donner une leçon, qu'il comprenne que je ne peux pas toujours accourir comme ça quand bon lui semble, parce que garçon a décidé de festoyer toute la nuit... Il aura bientôt 18 ans et tout ce qui lui importe c'est de s'amuser... Je tente de lui mettre un peu de bon sens dans le crâne, sans y parvenir... Mais, malgré tout, il m'est impossible de le laisser avoir froid, même pour une petite heure... et IL LE SAIT...)

- J'arrive.

Je vais arriver à en faire un homme bien, vous croyez?

Blues d'automne

Demander... je connais pas.

Je ne crois même pas que ce soit de l'orgueil mal placé... J'ai juste pas envie de déranger.

Constat de fin de journée : je passe ma vie à me démener pour les autres. Une façon comme une autre de donner un sens à sa vie, j'imagine.

Mère d'ados, je tente tant bien que mal d'être une mère digne de ce nom... (Je suis trop souvent absente, trop fatiguée. Culpabilité quand tu me tiens...)

Coordonnatrice, je me fends en quatre au travail ayant pour objectif de rendre celui de tout le monde plus agréable... (Mais plus on en donne, plus on en demande. Nature humaine...)

Fille, je m'empresse de réorganiser mon horaire pour être présente auprès de mon père. Hôpital, rendez-vous, épicerie, etc... (J'ai l'impression d'être fille unique. Mais bon, il l'apprécie, ça me va. Point.)

Femme,... euh... Femme... Sans doute respire-t-elle encore, celle-là... Même que ce doit être elle qui se plaint dans le présent moment... Ouach, qui veut entendre ces jérémiades? Même moi, je ne puis les supporter... ;-S "Et puis, qu'est-ce qui est plus important? que je me demande pour me convaincre."

Pourquoi j'ai l'impression d'être une looser, ce soir?